Michel maya

Qu’est-ce qui vous a décidé à vous lancer dans ce projet ?

Depuis de nombreuses années j’ai essayé d’utiliser les technologies de l’informatique pour mon enseignement car je considère qu’il est délicat pour l’étudiant et qu’il faut utiliser tous  les moyens pour le transmettre. En 1991, j’ai créé une présentation multimédia du cours. C’était une époque où Powerpoint n’existait pas et un moment où nous n’avions qu’un seul vidéo projecteur à Cluny. Ensuite j’ai créé le site www.mmaya.fr qui a maintenant une fréquentation de plus de 150 000 visiteurs par an. Cela m’a clairement montré l’appétence du public pour ce genre de communication. Je pense qu’en donnant à mon enseignement une allure la plus moderne possible, il deviendra plus attrayant. De plus, je considère qu’il  est important que l’enseignement s’adapte à son époque et utilise les techniques de son temps.

D’après vous, quels sont les principaux intérêts des Moocs ?

Tout est contenu dans l’anagramme MOOC. On propose massivement un enseignement gratuit ouvert à tous. Après s’être inscrit, l’étudiant peut accéder à l’ensemble des ressources à tous moments. Avec les questionnaires, il peut s’auto-évaluer sans crainte des moqueries d’une congénère. Chaque personne peut suivre l’enseignement à son rythme à tous moments de sa vie. C’est une très grande liberté. Et avec le forum de discussion, il est possible d’échanger sans limitation avec ses paires et les enseignants.

Comment utilisez-vous ce Mooc avec vos étudiants ?

Au fil des réformes, le quota horaire attribué à l’enseignement de la mécanique des solides déformables a diminué. Le programme n’ayant pratiquement pas changé, il faut optimiser les temps d’échanges présentiels entre l’enseignant et les étudiants. A Cluny, je ne fais plus de présentation du cours en amphi mais j’invite les étudiants à suivre le MOOC sachant qu’il y deux sessions annuelles qui sont proposées au début de chaque semestre. Pendant quelques séances d’Office Hours (études surveillées) les élèves peuvent suivre le cours et m’interroger en direct en cas d’incompréhension. Quelques séances collégiales en amphithéâtre permettent, sous la forme d’un échange questions – réponses, d’approfondir certains point particuliers ou sensibles.

Quels conseils donneriez-vous à un enseignant qui souhaiterait créer un Mooc ?

Je pense qu’il faut tout d’abord bien cerner l’enseignement qui sera proposé et avoir déjà eu l’occasion de le présenter en format multimédia. Ensuite il faut essayer de trouver des collègues qui acceptent de participer à l’aventure sachant que c’est très chronophage et qu’il faut s’attendre à une rémunération pécuniaire exceptionnellement basse. Mais c’est aussi une forme de transmission de savoir exceptionnelle. Je pense que l’enseignement supérieur devrait proposer à chaque enseignant en fin de carrière de faire un MOOC avec au moins un jeune collègue. C’est une excellente formule pour la transmission de la capitalisation des savoirs.